Penser signifierait ceci : découvrir, inventer de nouvelles
possibilités de vie.
Gilles Deleuze
Photo : Sophie Martin |
Écrire, c’est suivre une trace pour
devenir autre, où le langage, tel un bégaiement, nous mène à un ailleurs de la
langue. Il s’agit de devenir étranger en quelque sorte dans sa propre langue,
de développer en elle une clandestinité. Ainsi l’écriture sollicite devenirs et
affects par lesquels des évolutions parallèles sont stimulées, là où la
stabilité n’existe pas, mais des vitesses variables et des immobilités qui
s’accordent à l’impulsion d’écrire.
Le texte se développe suivant un
mouvement d’explorations et de traversées qui ne va pas seulement d’un point à
un autre, mais se déploie plutôt sur plusieurs niveaux. L’intérêt du texte se juge par sa
sobriété et sa précision ; l’abondance du vocabulaire ou la richesse de la
syntaxe sont trompeurs et peuvent agir comme des vecteurs. L’écriture au même
titre que le désir est une expérimentation d’agencements incorporant le
collectif et les forces endogènes de l’écrivain. Vitesse, lenteur, intensité
s’intègrent aux différents liens de l’écriture. L’écriture, le désir sont des
expérimentations, oui, il s’agit de reconnaître en eux, les géographies, les
mouvances. L’écriture comme le désir représentent un pur mouvement, une errance
positive réfutant toute systématisation, et condition sine qua non du présent de
la création.