UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 16 janvier 2013


Penser signifierait ceci : découvrir, inventer de nouvelles possibilités de vie. 
Gilles Deleuze
Photo : Sophie Martin

Écrire, c’est suivre une trace pour devenir autre, où le langage, tel un bégaiement, nous mène à un ailleurs de la langue. Il s’agit de devenir étranger en quelque sorte dans sa propre langue, de développer en elle une clandestinité. Ainsi l’écriture sollicite devenirs et affects par lesquels des évolutions parallèles sont stimulées, là où la stabilité n’existe pas, mais des vitesses variables et des immobilités qui s’accordent à l’impulsion d’écrire.

Le texte se développe suivant un mouvement d’explorations et de traversées qui ne va pas seulement d’un point à un autre, mais se déploie plutôt sur plusieurs niveaux.  L’intérêt du texte se juge par sa sobriété et sa précision ; l’abondance du vocabulaire ou la richesse de la syntaxe sont trompeurs et peuvent agir comme des vecteurs. L’écriture au même titre que le désir est une expérimentation d’agencements incorporant le collectif et les forces endogènes de l’écrivain. Vitesse, lenteur, intensité s’intègrent aux différents liens de l’écriture. L’écriture, le désir sont des expérimentations, oui, il s’agit de reconnaître en eux, les géographies, les mouvances. L’écriture comme le désir représentent un pur mouvement, une errance positive réfutant toute systématisation, et condition sine qua non du présent de la création.