« […] l’espace est un verbe […] L’espace est agissant. […]
l’espace est un verbe actif. » Valère
Novarina
Chevaux comtois. Photo : Sophie Martin |
La parole perce l’espace, est
signifiante, même lorsqu’elle est abstruse, même lorsqu’elle est absente.
Parfois c’est aussi son absence qui donne son sens au langage. Une autre
présence. Celle du texte, par exemple. Renversement, transformation,
renouvellement.
Souvent, il en résulte d’abord un texte qui ne se tient pas, se refuse à lui-même comme appui, se désobéit. Par ce travail, paradoxalement cohérent, il y a un refus d’une certaine fonction de la parole, un refus du radotage consistant à échanger des informations, de l’objet ; et une revendication dans l’écriture d’un souffle, une force animale, une énergie qui bouscule les mots d’une façon telle qu’il en surgit du lieu, de la matière, de l’autre.
Souvent, il en résulte d’abord un texte qui ne se tient pas, se refuse à lui-même comme appui, se désobéit. Par ce travail, paradoxalement cohérent, il y a un refus d’une certaine fonction de la parole, un refus du radotage consistant à échanger des informations, de l’objet ; et une revendication dans l’écriture d’un souffle, une force animale, une énergie qui bouscule les mots d’une façon telle qu’il en surgit du lieu, de la matière, de l’autre.
Porter la douleur du monde se
résumerait à un dérèglement, une force impersonnelle de déchirure. Il faut
l’écrire, le monde, en faire un espace, du temps, et à la jonction de ces deux
dimensions, poursuivre et entretenir leur rencontre.
Entre l’abstrait et le
concret : le pli du réel.
L’écriture devient politique, s’entend,
précise et vibrante, atteint son but, interroge le langage. L’écriture est régie
par sa nécessité, nécessité d’exploration, du risque, de l’expérience limite du
langage. Le verbe ébranle l’action, libère la pensée, la transforme en souffle
et passages. L’espace du texte est ouvert par le temps qui le multiplie, le ramifie,
le déplie, et c’est en le traversant que l’émotion apparaît.
On le voit, tout converge, se
touche, tout se transmet. Tout meurt également. Le possible, l’ouverture
résident dans l’écoute, dans l’ombre, dans l’égarement : l’être livré
seul à ce qui l’excède.