UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 9 janvier 2013


« […] l’espace est un verbe […] L’espace est agissant. […] l’espace est un verbe actif. » Valère Novarina

 Chevaux comtois. Photo : Sophie Martin 


La parole perce l’espace, est signifiante, même lorsqu’elle est abstruse, même lorsqu’elle est absente. Parfois c’est aussi son absence qui donne son sens au langage. Une autre présence. Celle du texte, par exemple. Renversement, transformation, renouvellement.
Souvent, il en résulte d’abord un texte qui ne se tient pas, se refuse à lui-même comme appui, se désobéit. Par ce travail, paradoxalement cohérent, il y a un refus d’une certaine fonction de la parole, un refus du radotage consistant à échanger des informations, de l’objet ; et une revendication dans l’écriture d’un souffle, une force animale, une énergie qui bouscule les mots d’une façon telle qu’il en surgit du lieu, de la matière, de l’autre.
Porter la douleur du monde se résumerait à un dérèglement, une force impersonnelle de déchirure. Il faut l’écrire, le monde, en faire un espace, du temps, et à la jonction de ces deux dimensions, poursuivre et entretenir leur rencontre.
Entre l’abstrait et le concret : le pli du réel.

L’écriture devient politique, s’entend, précise et vibrante, atteint son but, interroge le langage. L’écriture est régie par sa nécessité, nécessité d’exploration, du risque, de l’expérience limite du langage. Le verbe ébranle l’action, libère la pensée, la transforme en souffle et passages. L’espace du texte est ouvert par le temps qui le multiplie, le ramifie, le déplie, et c’est en le traversant que l’émotion apparaît.

On le voit, tout converge, se touche, tout se transmet. Tout meurt également. Le possible, l’ouverture résident dans l’écoute, dans l’ombre, dans l’égarement : l’être livré seul à ce qui l’excède.