UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 19 décembre 2012

« [...] certainement passionnée, mais [...] envahie surtout  [d']une forme d'ardeur de vivre qui est difficile à exprimer ; de toute façon quand on est très passionnée, on ne trouve jamais de passion à sa mesure. » Anne Hébert







Écrire est un recueillement audacieux.
C'est par la lecture que j'ai commencé à connaître et aimer le métier d'écrivain. À travers leur passion, s'est dévoilée la mienne. L'écrivain est engagé de manière à part dans l'existence. Il est le seul responsable. L'écrit exerce sur moi un grand pouvoir. L'écriture me réconcilie, parfois, avec le réel. Quand elle exprime la transmission et la traduction d’un univers singulier et universel. Écrire est assourdissant. Comme d'autres, j’ai besoin de silence et de solitude quand j’écris. Ce n’est pas tellement le ton ou le mot juste qui importe vraiment, mais le mot « transmissible ».

L’art, le texte, va bien au-delà des apparences. Il va là où on n’irait jamais autrement dans la vie. Quand j’avais vingt ans, la passion, la folie, je galvaudais ces mots ; je m’en servais comme d’une fleur au bout de mon fusil, sans réaliser à quelle arme j’avais affaire, sans réaliser dans quelle douleur il fallait sombrer pour vivre comme ça, dans la passion. Je ne suis pas de celles qui montent aux barricades ; je suis celle que ça transperce, celle que ça atteint de plein fouet, celle qui peine à comprendre la nature humaine, celle qui ne sera jamais tout à fait copie conforme et qui ne pourra jamais naviguer sur un long fleuve tranquille. Ne pas se laisser ronger par l’impuissance ramène à notre responsabilité, assumée dans le geste le plus banal du quotidien. En écrivant je fais des choix, je pose des limites, j’exprime une subjectivité, je circonscris ma liberté tout en tentant d’en élargir les périmètres.
Avec tous les accrocs et les méandres auxquels je me suis heurtée et mesurée, ma langue s’est formée, ma voix s’est modulée, mon corps s’est arrondi. Ma parole est singulière, dans le sens particulier du féminin. J’entends par là, qu’au-delà des différences, il y a l’exigence du partage. Pour que nous soyons ensemble.