« Le grand art célèbre les possibilités de la vie, il
propose une vision qui, sans aucune ambiguïté et loin de tout sentimentalisme,
prend sa source dans l’amour. » John C.
Gardner
L’art est la célébration du Vivant
et par là même procède de la bonté au même titre, par exemple, que la
souffrance qui sont des voies par lesquelles nous pouvons défendre et réaffirmer des valeurs primaires de
la vie.
N’est-ce pas ce à quoi
s’emploie précisément l’art qui fait appel aux sens, à l’esprit, à l’intégrité
et à la part d’humanité à laquelle chaque être consent en donnant et en
recevant un objet de création
?
Un objet fait d’imaginaire, de
réel, d’une pensée trébuchant sur de l’impossible, de l’obscur dans l’exigence
et la violence d’une vérité qui elle, n’a d’autre règle que celles qui la
construisent. Ainsi la moralité de
l’acte créateur n’est pas déterminée par quelque loi religieuse ou sociale,
mais par son inscription dans le Vivant, son désintéressement et sa bonté. Car ce qui crée l’acte et bâtit l’œuvre
provient essentiellement d’une vision et d’imprévisions.
L’œuvre qui aide à vivre élève
l’être dans sa dignité, lui offrant par conséquent une meilleure compréhension
de lui-même, de l’autre, du monde et le place dans un état de remise en
question qui institue le doute et l’ouverture, guide le regard, les gestes, la
réception dans les temps passé, présent et à venir.
Dans un mode d’existence et de
création engendré par la bonté, l’autre — j’insiste souvent là-dessus — se
présente comme un élément essentiel. Le moi, dans toute la force de son
existence, se déplace vers l’autre établissant une relation dans laquelle la
bonté éprouve la force, l’intégrité face à soi qui permet un accomplissement
dans un réel.
Le rapport accompli, ce parcours, se produit initialement par
une pensée, une subjectivité qui rend possible l’altérité ; je rejoins l’autre
par le langage, mais il subsiste néanmoins une distance, un vide. Un espace donc où se retrouvent,
entrelacés, du moi et de l’autre. Un espace nomade qui ne s’enlise dans aucun destin ni aucune permanence,
mais qui, au contraire, est ouvert sur un recommencement et une liberté ne
s’appuyant pas sur de la mémoire, mais sur une interprétation et un libre
choix. Cet accueil de l’autre se produit dans un vide actif, dans une relation
inscrite conséquemment dans la bonté et non seulement dans le savoir, l’agir ou
la pensée. Cet espace vide dépend
aussi d’une tension, d’une intuition, qui transportent les choses au-delà de
leur proximité, rigidité, affirmation.
C’est le lieu de l’atelier, du
silence, des trébuchements.