UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 2 mai 2012


« La magie que j’essaie de recueillir. Toujours ce bleu doré du ciel. À la fois follement optimiste et navrant. » Gail Scott

Pour Jonasz
Cette nuit-là, la veille, il avait neigé. C’est le printemps. Des milliers de personnes ont marché à Montréal, un froid dimanche de la fin avril. Ce n’est pas mai 68. Ce n’est pas une révolution, tranquille ou intranquille. C’est de l’engagement. Collectif. Jonasz doit être content. Lui qui a toute sa vie défendu le collectif contre l’individualisme forcené qui gagne peu à peu du terrain et la partie. La partie de la peur. La partie de la finance. La partie du confort et de l’indifférence.

Nous vieillissons. Mes amis et moi. Je me suis, au fil des années, forgé des valeurs, des convictions, sur lesquelles j’ai bâti ma vie et celle des enfants que je n’ai pas eus. Mais il y en a eu. Et il y en aura. Je suis parfois ébranlée par des contradictions qui me jettent à terre, des petitesses qui me démolissent, des mutismes qui me tuent.
Mais ce n’est pas assez. Ça reste de l’ego. Au mieux de la conscience. Au pire de l’apitoiement. L’impuissance ne sera jamais un moyen d’action. L’immobilisme non plus. L’écriture, oui, un peu. Les SuperMusiques, oui. L’art, oui, quand il ne reste pas collé sur son nombril.
Une vie, ça se vit ; ça s’idéalise pas, chante Joane Hétu.
Sortir de sa torpeur. La peur qui tord. Le cœur. Les boyaux. Il m’arrive de basculer dans une folie, pas douce. Je veux mourir ces jours-là. Pourquoi ? Parce que je m’enferme dans une part de rêve, parce que les désirs prennent le pas sur l’agir, parce que je me coupe de tout. Tout le reste, tout ce qui n’est pas moi dans mon malheur, ma tristesse, mon drame. C’est réel. C’est existentiel.
Plus tard, demain, après-demain, la semaine suivante, ça deviendra une autre réalité, impensée jusque là.



La bonté n’est pas inféodée à une religion... Elle représente un acte de foi, néanmoins. La foi de surmonter une culpabilité originelle qui me maintient dans un état de non recevoir ; là où le don ne m’est pas accessible parce que je refuse toute offrande qui me forcerait à m’ouvrir et à prendre mes responsabilités. À offrir, à mon tour, une part d’amour et de liberté à autre chose, qui me dépasse.
Je me surprends quelquefois à ressentir une chose et à dire son contraire, plus juste très souvent. Non parce que c’est ce qu’on veut entendre, mais parce que la vérité tout à coup surgit d’elle-même. C’est un cadeau. À prendre ou à laisser.