UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 30 novembre 2011


« On dit qu'en hébreu vivre et marcher sont un même verbe. », Bélinda Canone

Le ciel, rempli de rose, se déverse dans le petit lac derrière la maison.
Vivre à la campagne. Habiter en ville. Des lieux distincts dont la singularité se mesure dans le rapport que nous entretenons avec le dehors, le dedans, le travail, la solitude, les humains. Les mouvements et les idées circulent autrement certes — et tout aussi librement — dans l'esprit et le corps. Les deux espaces inspirent, les deux ouvrent l'appétit.

Une question de fluidité peut-être, dans l'étendue morcelée de la cité ou dans celle, ondulatoire, du village.
J'ai cru que l'un et l'autre ne pouvaient se vivre que séparément comme des entités inconciliables ; mais ils existent aussi en continuité. C'est sans doute évident, mais je l'ai seulement compris lorsque, comme une bête qui flaire une piste, j'ai suivi l'odeur, me repaissant de tout ce qui se trouvait là, dehors, dedans, dans le travail, la solitude, les amis.
Ensuite, je suis repartie refaire la même chose de l'autre côté du monde. La même chose. Autrement. J'ai compris alors que ces autrements s'accordent ; ils ne provoquent pas des éloignements, mais, pour paraphraser Gilles Deleuze, créent des rhizomes grâce auxquels les possibles se multiplient. Et c'est cette multiplication qui rend les choses intéressantes. Plus complexes... peut-être.

J'aime bien, par ailleurs, l'idée de fluidité parce qu'elle me fait penser à la danse, cet art où interviennent de manière signifiante autant le corps que l'esprit. Parce que la fluidité permet au corps et à l'esprit de se mouvoir dans l’espace, avec une force et un pouvoir d'attraction symbiotiques. Et c'est là où ça change tout. À partir du moment où les résistances et les peurs cèdent, où les durcissements s'effritent, le maintenant peut tenir ses promesses, car il n'a plus besoin de se projeter dans un ailleurs.

Portes et fenêtres ouvertes. Chats de ruelle. Frissons en sortant du cinéma. Rumeurs des boulevards.
Braises des soirs de pluie. Odeurs de grains et de crottin.  Chemins boueux. Noirceur opaque.
Les arbres, la lumière, les chemins, les visages changent de formes et de couleurs à chaque jour.
Tout cela est bon.