UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 1 août 2012

« Que j'abandonne, enfin. Ces traces, que j'efface, mon histoire. », Johanne Jarry

Tu es restée suspendue un temps long, quelque part entre des toits, des ciels, des autoroutes, des horizons étrangers.
Maintenant que tu retrouves un espace, une sobriété, tu commenceras par regarder, les yeux posés sur les aubes translucides et les fins d'après-midi languides ; apparemment absente, cherchant peut-être à t’enfuir, mais revenant vite, devant l'évidence.
Il y aura toute sorte de diversions, de détours, d'imprévus ; des mirages et des barrages ; mais pas trop, cette fois.
Tu le reconnaîtras cet espace, ton atelier, te rappelant et remerciant les mots de Mi : « l'oisiveté n'a pas sa place… ». Tu seras satisfaite de la pluie du jour, car elle diluera toute culpabilité ou velléité d'être ailleurs que là,  à l'intérieur du texte. Celui qui s'écrit, mot à mot. Une pile de bois bien cordés. Que tu croyais bien cordés, pour constater le lendemain que tout s'est écroulé et est à recommencer. 
Heureuse du soleil aussi ; bien entendu. 

Tout s'articule autour du sens, penseras-tu. La forme, le fond, l'intuition, la nécessité et finalement la réalisation tournent autour d'un axe signifiant. 
Une étoile infime et lointaine dans le ciel. Tu es toujours un peu effrayée quand tu traverses la nuit dans la campagne et aperçois la multitude d'étoiles allumées — outrageusement, songes-tu alors. Effrayée par ta petitesse, par l'in-signifiance du corps dans l’univers, dont tu te sens absoute quelquefois par la pensée, la bonté, le pouvoir aimant (le seul pouvoir digne d'être exercé). Ainsi, le sens dans l'agir t’apparaît primordial, parce qu'il te dégage de l'histoire ; pas de toi, de ce que tu es, mais d'un bagage que tu traînes, comme cette volumineuse valise rouge dans la gare bondée de Madras, tu te souviens ? Ridicule. Restreignante. Inutile.
Alors, tu pourras entreprendre un autre voyage, pénétrer dans la clandestinité d'un pas assuré, le regard attentif, le corps souple se mêlant à la foule, dansante sur le fil de l'histoire, traversant les passages.
Et là, tu verras la main tendue non comme une menace ou une sollicitation, mais comme une invite ou qui sait ? une caresse.