UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 28 novembre 2012


«L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. » Marguerite Duras


 Écrire, tous les jours, entre la souffrance et la puissance de la vie. Un professeur m’a déjà reproché mon lyrisme dans l’écrit. Il est vrai que j’aime bien les longues phrases proustiennes aux tournures parfois alambiquées, à la ponctuation foisonnante, j’aime m’étendre, ajuster mon souffle aux mouvements. J’aime les adjectifs qui se succèdent, les répétitions, les métaphores. J’aime que ce soit chaud, doux, sablonneux, brûlant, sans fin. J’aime les rainures dans le corps du texte.


Avant le moment où le texte disparait dans sa finitude, il y a tout le travail de réécriture, de lectures, de ratures. Le texte alors incomplet, inachevé, imparfait appartient encore au travail, au mot à mot. Le texte se cherche une plénitude, un devenir, dans le risque de l’erreur, le frémissement de la voix, les tremblements, les regards égarés. Je ne possède que cela, une voix, au milieu des chants, inquiète de sa quête, concentrée, obstinée.
Dans l’œuvre accomplie, il y a néanmoins une infinitude, un état de perpétuité, la joie difficile de l’acte créateur, l’éternel recommencement. Un inaccompli qui fait signe, interpelle, qui contient les petites et les grandes œuvres. Écrire est avant tout un agissement. Une maîtrise d’outils, de la langue, de la confiance. Écrire n’est pas un acte déterminé ou volontaire, mais plutôt un abandon, une générosité, une application à refuser la banalité et la vulgarité. Un acte de foi. Une auberge espagnole.

L’artiste est un être à part. Il a une responsabilité. De vérité, de vision, de révolutionnaire. L’écrivain révèle une réalité parallèle, des espaces inédits, se tenant à l’écart des clichés ; il se méfie. Il agit dans un aveuglement, avec des habiletés et des intentions. Mais l’écrit reste quelque chose de mystérieux.  Un dépassement de la technique vers quelque chose de plus complexe. Une œuvre de destruction perpétuelle de ce qui l’a précédé.