«L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de
l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien
de plus, sauf elle, la vie. » Marguerite Duras
Avant le moment où le texte
disparait dans sa finitude, il y a tout le travail de réécriture, de lectures,
de ratures. Le texte alors incomplet, inachevé, imparfait appartient encore au
travail, au mot à mot. Le texte se cherche une plénitude, un devenir, dans le
risque de l’erreur, le frémissement de la voix, les tremblements, les regards
égarés. Je ne possède que cela, une voix, au milieu des chants, inquiète de sa
quête, concentrée, obstinée.
Dans l’œuvre accomplie, il y a néanmoins
une infinitude, un état de perpétuité, la joie difficile de l’acte créateur,
l’éternel recommencement. Un inaccompli qui fait signe, interpelle, qui
contient les petites et les grandes œuvres. Écrire est avant tout un
agissement. Une maîtrise d’outils, de la langue, de la confiance. Écrire n’est
pas un acte déterminé ou volontaire, mais plutôt un abandon, une générosité,
une application à refuser la banalité et la vulgarité. Un acte de foi. Une
auberge espagnole.
L’artiste est un être à part. Il a
une responsabilité. De vérité, de vision, de révolutionnaire. L’écrivain révèle
une réalité parallèle, des espaces inédits, se tenant à l’écart des clichés ;
il se méfie. Il agit dans un aveuglement, avec des habiletés et des intentions.
Mais l’écrit reste quelque chose de mystérieux. Un dépassement de la technique vers quelque chose de plus
complexe. Une œuvre de destruction perpétuelle de ce qui l’a précédé.