« Car la bonté est affaire de dynamisme, de puissance et de
composition de puissance. »
Gilles Deleuze
Merci à Paul Grégoire pour la photo, prise dans un musée à San Gimignano |
Pourquoi la bonté ? Avant d’être une valeur, la
bonté provient de la conscience que traduit une pensée libre et responsable, et
qui confère aux hommes et aux femmes une puissance, un pouvoir, communicant et
alternatif.
Pour Spinoza, c’est l’âme à travers
le désir qui, par une affirmation volontaire, élit la bonté. Mais ni le désir, porteur de manque ou d'absence, ni la volonté ne sont encore des éléments actifs de bonté.
L’utile pour soi s’accorde à
l’utile pour chacun, multipliant ainsi les puissances chez les uns et les autres
qui cultivent ce qu’ils aiment et délaissent ce qui leur nuit. La bonté devient alors un mode
d’existence et n’obéit à d’autre loi que celle de la conscience, de
laquelle naît son pouvoir d’action qui appelle la rencontre, dans un rapport avec l'autre qui
se compose avec le nôtre et augmente notre propre pouvoir.
Pourquoi la bonté dans le processus
de création? Parce que la bonté,
constitutive de l’être, devient chez l’artiste un mode de composition
processuelle qui entraîne l’œuvre et son exécutant dans un lieu vide, sans
trace. Une fêlure inscrite dans un temps où la pensée, la
conscience, l’agir du créateur se désentravent de l’héroïsation et
l’idéalisation. Je crois que la
bonté est à l’origine du geste créateur parce qu’elle constitue une force
active au sein du processus, d’affirmation autant que de négation, et que cette
force, concrète, tangible s’étend et se communique de soi à l’œuvre, de l’œuvre
à l’autre, de soi à l’autre. Cette force non pas excessive, mais pleine,
n’impose pas son pouvoir, qui reste entier, ouvert, ne domine pas l’objet, mais
affirme une différence. Différence qui tend vers le don dans son essence puisqu’elle tire son origine
du vide, de la fêlure ; d’un travail formel et pur de deuil et de
métamorphoses.
C’est dans cet esprit que la bonté devient un enjeu majeur dans l’acte de création et la principale ambition de l’artiste vis-à-vis de son œuvre, à travers laquelle se dévoile sa grandeur et sa misère. La bonté est ce qui féconde l’objet de création, et l’artiste en tant qu’instrument qui porte cet objet jusqu’à sa réalisation, et ensuite vers l’autre, doit posséder ou pouvoir capter cette bonté qui fait appel, comme je l’ai dit, à des éléments de destruction, de renoncement, de refus, tout au long du processus.
C’est dans cet esprit que la bonté devient un enjeu majeur dans l’acte de création et la principale ambition de l’artiste vis-à-vis de son œuvre, à travers laquelle se dévoile sa grandeur et sa misère. La bonté est ce qui féconde l’objet de création, et l’artiste en tant qu’instrument qui porte cet objet jusqu’à sa réalisation, et ensuite vers l’autre, doit posséder ou pouvoir capter cette bonté qui fait appel, comme je l’ai dit, à des éléments de destruction, de renoncement, de refus, tout au long du processus.