« vivre n’est pas triste, vivre est tragique. Vivre n’est ni
une obligation ; ni une corvée ; vivre n’est pas un devoir, vivre est un don,
une grâce. » Danielle Sallenave
Serait-ce dire : franchir des
obstacles en évitant de rencontrer sans cesse Sisyphe et son éternel rocher ? Chasser les
intrus, le dérisoire, être dans le dérivé de la vie, l’imaginer ? Ce qui
m’intéresse dans les rapports humains, c’est l’intimité des chants à deux ou
trois voix plutôt que la chorale. Et dans ce rapport d’intimité que je
privilégie, il y a une intention marquée d’éviter les petites vulgarités
ordinaires, enlaidissantes ; des débordements qu’aucune ivresse, aucune
exaltation ne justifient.
Par le corps passent les vœux, la prière de l’écriture.
Mouvement, effacement, douleurs, imperfections. Le corps écrit et le corps
parle. Laisse des marques. Dans le vivant.
Ensuite vient la parole, qui est
entendue, donnée, qui s’exprime en silence. De toute façon, ce n’est pas si
important d’être compris. À certaines étapes de la vie, oui, sans doute.
Autrement, c’est pas si grave. Ce qui compte c’est la perméabilité, la réceptivité aux idées, à l’altérité.
Réunir des fragments sans chercher
forcément à atteindre une vision d’ensemble. Et à l’intérieur de ces bribes
d’existence, trouver la matière de l’écriture, son signifiant. Les
objets, les incidents, les caractères, tels qu’ils apparaissent dans les faits,
éclairés, coordonnés, incarnés par leur signification.
Photo : Sophie Martin, une œuvre de Lukas Sementery |
Écrire est un point de départ. Un
travail noble, rigoureux, vrai où s’expriment des valeurs, le pouvoir sacré de
l’amour et de la vie. Écrire est le début d’un advenir, un enseignement
perpétuel.