« [...] un homme, s'étant dépouillé de leurre et de crainte, s'avance si
loin qu'on ne puisse concevoir une possibilité d'aller plus loin. » Georges
Bataille
Jusqu'où faudrait-il remonter
pour retracer l'idée de la bonté dans le processus créateur? Avant la morale ?
Avant l'impuissance ?
L’expression d’une vérité est
l’accomplissement de la pensée, d’une part de soi abandonnée à cette vérité, à
l’essence de la pensée, à l’engagement pris envers soi-même ; elle est une
chose impossible, elle vient du vide, d’une perception. Et c’est à partir
de cette impossibilité que la bonté, par le pouvoir de la conscience, traduit
la force d'un possible : un processus par lequel l’artiste va jusqu’au plus
lointain, au plus beau que soi en donnant sa chair et ses os, dirai-je
paraphrasant Nietzsche.
Dans le processsus de création, le possible et l’expérience se rejoignent à l’intérieur de la fêlure, dans un soi et un hors de soi désencombrés en quelque sorte d’un ego manipulateur.
Dans le processsus de création, le possible et l’expérience se rejoignent à l’intérieur de la fêlure, dans un soi et un hors de soi désencombrés en quelque sorte d’un ego manipulateur.
Ce n’est que dans cet état de
bonté que l’artiste réussit à être rien.
Non pas dans un renoncement à lui-même, mais à cette image qui le façonne en
héros, en une représentation idéalisante dans laquelle le pouvoir de l’artiste
perd son rapport d’ouverture, se ferme au don et partant à l’œuvre elle-même.
C’est un état où le moi, dans toute la force de son existence, se déplace vers
l’autre établissant une relation de paix. Ainsi, la bonté éprouve la force,
l’intégrité face à soi et initie ce mouvement vers l’autre. Ce parcours se produit initialement par une
pensée, une subjectivité qui rend possible l’altérité ; je rejoins l’autre
par un langage, dans lequel cependant subsiste une distance, un espace vide. Ce
possible n’est pas une finalité en soi, mais un passage qui ouvre sur le vide.
La bonté représente alors le lien
entre l’expression et la responsabilité par laquelle, en tant que fonction
éthique, la parole s’allie à la conscience.
C’est dans l’espace vide de son atelier — un espace inconquis et singulier — que se définit la responsabilité de l’artiste. Une responsabilité dans laquelle s’inscrit la possibilité essentielle de négation et de refus permettant une visibilité qui renonce au paraître, dans une dimension où l’autre et le moi ne se mesurent pas à leur aune, mais cherchent à se rendre au-delà de la beauté jusqu’à l’élégance, au-delà de la signifiance jusqu’à l’impossible vérité.
C’est dans l’espace vide de son atelier — un espace inconquis et singulier — que se définit la responsabilité de l’artiste. Une responsabilité dans laquelle s’inscrit la possibilité essentielle de négation et de refus permettant une visibilité qui renonce au paraître, dans une dimension où l’autre et le moi ne se mesurent pas à leur aune, mais cherchent à se rendre au-delà de la beauté jusqu’à l’élégance, au-delà de la signifiance jusqu’à l’impossible vérité.