UNE ESTHÉTIQUE DE LA BONTÉ

Chroniques de libres pensées créées à partir d'une citation d'auteur
par Dyane Raymond

mercredi 14 novembre 2012


« Oh ! Les milliers de choses qui nous sont nécessaires pour écrire ne fût-ce qu’une seule phrase ! » Virginia Woolf


Au commencement, il n’y a rien. Et il y a tout. Le néant et la vie s'amalgament en une masse indistincte comme noyau de l’écriture.  Le sang, l’oxygène, la matière façonnent le devenir de l’écriture. On veut aller au-delà des vulgarités quotidiennes, des peurs imprécatoires, des contingences plébéiennes, tout en sachant très bien que c’est avec ce sang noir, cette suie, autant qu’avec l’instinct, l’intégrité, le courage qu'un texte se construit.

L’écriture est le surgissement du vivant dans l’instant du texte. Le moment d’une vérité qu’on ne peut plus dissimuler. Une vérité travestie toutefois par et dans le langage qui dévoilera le propos, l’histoire, la forme et le fond de l’écrit. Il n’existe plus qu’une réalité, qui est celle soutenue par le texte dans un mouvement irrationnel à plusieurs dimensions ne se laissant entraver ni par les paradoxes ni par les contradictions, dans les tremblements d’une durée fugitive.
De l'idée de surgissement, je retiens les sens de son origine latine : mettre debout, se lever, ressusciter ou s’insurger. Car selon moi, dans l’écriture, il s’agit aussi de cela, élever les mots jusqu’au langage, leur donner une autre vie ou subir leur rébellion pour les mener vers des vérités indicibles que l’on porte en soi.

Quand j’écris j’entre dans une méditation, dans l’étirement d’un souffle incantatoire, dans quelque ivresse périlleuse, quelque hébétude, où rien ne m’est plus familier. Un temps qui soudain perd toute spatialité. Un temps où le langage devient une alchimie, et dans lequel j’ai pénétré sans le savoir et en toute conscience. C’est une dimension univoque. Ici, je suis à la fois nombreuse et entièrement seule. Solitude et errance poursuivies avec insistance, pour trouver un chemin. Je peux me laisser distraire par l’immobile, mais je ne peux me soustraire à moi-même et au texte.
Les yeux braqués dans le regard de l’autre, écrire met des mots sur le dévoilement, sur un visage, sur des non-dits...